Focus sur la Street Photography

17 Septembre 2019

Focus sur la Street Photography

© Melissa Breyer, NYC

Au vu de l’histoire de l’art, le tout premier cliché de street photography remonte probablement à 1838, lorsque Daguerre réalisa "Boulevard du Temple".

Cette photographie est passée à la postérité grâce à un détail situé en bas à gauche : un inconnu faisant cirer ses chaussures.

Car c'est bien de ça qu'il s’agit lorsqu’on parle de street photography la présence humaine venant occuper l'espace urbain ; une rencontre fortuite immortalisée sur la surface photosensible.


© Daguerre, Boulevard du Temple, 1838

La photographie de rue naît du hasard. Raison pour laquelle elle n’émergea comme forme d’expression artistique que plus tard. Il fallut attendre que le procédé de réalisation photographique fût assez rapide pour fixer des images en mouvement ; et que les appareils photos furent assez petits pour qu’on puisse les emporter avec soi dans la rue, ou dans tout endroit public méritant qu’on s’y attarde. Ces deux prouesses techniques furent réunies en 1914, quelque 76 ans après le cliché de Daguerre, grâce à l’arrivée du premier Leica 35 mm, développé par Oskar Barnack. Ce dernier ouvrit alors la voie à toute une génération de photographes de rue.

De nos jours, avec l’omniprésence des outils de prise de vue, des photographes de rue documentent la vie tous les jours dans les villes du monde entier. Plus encore, grâce aux avancées technologiques, nous pouvons maintenant affirmer que « tout le monde est photographe ».
Mais devrions-nous vraiment nous en réjouir ?


© Fairvanity, New York, États-Unis

La photographie est rapidement devenue un moyen de collecter une trace de l’activité humaine. Prenons Google Street View, par exemple. Cette application n’est rien d’autre qu’un catalogue qui dresse l’inventaire d’à peu près tous les endroits au monde où il est possible de glisser une caméra. Et oui, Google possède les ressources nécessaires pour produire plus de photos de rue que n’en produirait tout artiste dans ses rêves les plus fous.


Google Street View, Floride, États-Unis

La photographie de rue d’aujourd’hui doit donc offrir quelque chose que Google n’apporte pas. Ce peut être les juxtapositions, les jeux d’ombre ou d’échelle, ou encore des perspectives dynamiques. On peut y parvenir par un heureux hasard. Ou bien il faut trouver cet endroit-là, celui dans lequel il va forcément se passer quelque chose… On peut aussi choisir sujets ou événements séparés et les juxtaposer en une seule image. Les procédés de fabrication des images le permettent aisément de nos jours. Mais le plus important reste de « voir » l’image et non plus de simplement fixer la réalité telle qu’elle existe déjà.

Qui sait si l’image de Stuart ci-dessous est réelle ou bien s’il est venu ajouter le paon par lui-même ? Personnellement, je m’en fiche. Le résultat est assez marrant et saisissant sur le plan visuel (même si Matt nous confirme que ce n'est pas de la post-prod, mais bien son œil qu'il entraîne depuis 25 ans).


© Matt Stuart, Londres, Royaume-Uni

La photographie de rue permet de formuler un point de vue personnel sur la condition humaine et de porter un regard plein d’humour sur nos relations les uns avec les autres et sur notre environnement.

1-  2-  3- 
1 - Sonia Fitoussi, Londres, Royaume-Uni          
2 - 
SixStreetUnder, Cambridge, Royaume-Uni
3 - 
John Hughes, Londres, Royaume-Uni

Une rue est une rue, partout dans le monde, ses caractéristiques ne changent pas. Et nous sommes plus que jamais friands d’image. Les artistes de rue qui se démarquent sont ceux qui savent porter un regard neuf sur le monde et décrypter nos vies mieux que nous saurions le faire. L’on peut comparer cela aux SMS. Tout le monde peut écrire un SMS (et tout le monde le fait, d’ailleurs), mais nous ne sommes pas tous des poètes.

(Les images ci-dessus sont tirées du projet Streetrepeat)

Voici quelques photographes de rue provenant de partout dans le monde qui arrivent à faire précisément cela. Parfois par le biais d’un commentaire social ou politique, parfois en prenant un peu de distance par rapport à la vie humaine. Peu importe quelles perspectives ils adoptent, ils maîtrisent tous parfaitement la création d’image et, parfois même, réussissent à créer leur propre langage photographique.


© Chervine, New York, États-Unis


© Julia Hrudova, Amsterdam, Pays-Bas

Tous ensemble, nous co-créons la mémoire de notre paysage visuel en perpétuelle évolution. Nous transformons l’histoire en quelque chose de familier et de compréhensible, en quelque chose que nous pouvons nous approprier.

Mais le problème avec la photographie de rue, c’est aussi que tout le monde s’improvisent photographe. Alors qui peut réellement se vanter d’élever cet amas de clichés au niveau de la photographie professionnelle ?

Il arrive aussi parfois que de très bons photographes de rue refusent les offres de clients potentiels. Car ils savent très bien que ce n’est pas leur boulot. En fait, ils ont déjà un boulot. Et faire carrière dans la photographie n’a strictement rien à voir avec un circuit photo de vacances.

Serjios, un de ces talentueux photographes amateurs (il est avocat), ne prend malheureusement pas de commande – bien que de nombreuses agences d’architecture aient tenté le coup :-)

Chez Ooshot, lorsque nous découvrons de nouveaux talents, nous prenons contact avec eux pour nous assurer qu’ils ont l’envie et la capacité d’assumer des projets de commande pour des clients. Avec cette priorité en tête, nous évaluons leur expérience, leur capacité à gérer un projet de production de contenu visuel et à livrer des images répondant au briefing du client. Une fois un profil éprouvé et approuvé, nous l’attribuons à un client.

Nous estimons que sur le plan des affaires, la fiabilité n’a pas de prix. 



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